L’islam sur des pattes de velours
À Roubaix, le premier minaret de la ville se construit. L’islam y croît sans ostentation.
La comparaison est cruelle entre un catholicisme en déclin, qui voit nombre de ses églises fermer, être reconverties en chambres d’hôtes, voire détruites, et un islam qui ne cesse de bâtir, pierre après pierre. Cela ne signifie bien sûr pas que les catholiques soient moribonds. Ils restent dynamiques, et continuent d’irriguer la société de leurs valeurs, notamment à travers la vie associative. Mais le temps des églises pleines à craquer est derrière eux. Désormais, la taille des édifices n’est plus proportionnelle au nombre de fidèles.
Pendant ce temps, côté islam, les fidèles sont encore à l’étroit dans des salles de prières sous-dimensionnées. Le plus souvent, les musulmans prient dans des bâtiments réaménagés en mosquée. Priaient, pourrait-on dire, car ce temps est révolu. Après Villeneuve d’Ascq, qui a inauguré sa grande mosquée en 2011, la mosquée Bilal, à l’Épeule, est la première de Roubaix à achever la construction d’un édifice spécialement bâti pour héberger un lieu de culte.
Il comportera un minaret de 18 mètres, dont la première moitié a été posée hier par les ouvriers qui travaillent sur le chantier. 18 mètres, soit exactement la taille de celui de Villeneuve d’Ascq. L’architecte des deux édifices est d’ailleurs le même : Oussama Bezzazi, dont le cabinet est à Roubaix, et qui a des projets plein les cartons, dans toute la France.
La philosophie de cet architecte consiste à fondre les monuments cultuels qu’il bâtit dans le paysage local. Cela correspond à la façon d’agir des musulmans locaux, qui mènent leur petit bout de chemin, sans le crier sur les toits. Pas d’ostentation, ce principe semble avoir été érigé en règle, et pas qu’à Roubaix.
Est-ce par peur d’être montrés du doigt par ceux à qui la montée de l’islam fait peur ? Sans doute. Reste qu’être discret ne signifie pas se cacher, et il y a fort à parier que l’inauguration de la nouvelle mosquée Bilal donnera lieu à des festivités très suivies. Mais les musulmans semblent aspirer à pratiquer leur foi tranquillement. À faire partie du paysage, comme les autres. Ni plus, ni moins. <cci:mnef_puce class=”macro” displayname=”MNEF_PUCE” name=”MNEF_PUCE”>