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Interdiction du voile au Congo: «Pas de contestations des musulmans»

Le Congo-Brazzaville, pays laïc, vient d’interdire le port du voile intégral dans les lieux publics. La décision a été notifiée aux représentants de la communauté musulmane par le ministre congolais de l’Intérieur Zephirin Mboulou, qui évoque des questions de sécurité et un moyen de mieux lutter contre la criminalité. El Hadj Djibril Bopaka, président du Conseil supérieur islamique du Congo-Brazzaville, précise que seul le voile intégral est interdit, et juge que c’est « une démarche légitime pour la sécurité » et explique que ce sont les imams qui sont chargés de relayer le message.

RFI : Le gouvernement du Congo-Brazzaville a interdit le voile intégral pour les musulmanes. De quel type de voile parle-t-on ?

El Hadj Djibril Bopaka: Les voiles qui sont interdits sont les voiles niqab, c’est le voile intégral. Il n’est pas interdit aux musulmanes de porter les voiles qui sont autorisés. Le voile hijab et le voile intégral qui couvrent tout le corps jusqu’au visage, ça c’est interdit.

Pour bien comprendre, il faut donc que l’on puisse voir le visage ?

Voilà. Il faut que l’on voit le visage. On doit savoir qui passe, et cette personne, on doit la reconnaître. On doit voir le visage. Les voiles qui couvrent le visage sont interdits au Congo aujourd’hui, pour des raisons de sécurité.

Pour des raisons de sécurité, c’est-à-dire ?

Nous avons constaté avec les services de sécurité qu’il y a eu des non-musulmanes et des personnes mal intentionnées qui passaient comme des musulmanes, pour poser des actes qui n’étaient pas autorisés dans le pays. Pour arrêter cette hémorragie, nous avons accepté la décision du gouvernement. C’est le ministre de l’Intérieur qui nous l’a notifié le 23 avril. Nous avons pris cela comme une démarche tout à fait légitime pour la sécurité des citoyens congolais.

Cette mesure est-elle déjà entrée en vigueur ?

Nous avons demandé au gouvernement de nous accorder quinze jours. Aujourd’hui [vendredi, ndlr], j’ai déjà réuni les imams de Brazzaville. J’ai partagé avec eux, et tout le monde est d’accord : il n’est pas interdit aux musulmanes de porter le voile – le voile où le visage est ouvert.

L’annonce est donc faite dans les mosquées ?

Oui. Nous avons sensibilisé les imams et ils ont pris le relais pour informer tous les musulmans et musulmanes dans les mosquées du Congo.

Comment réagit la communauté musulmane, jusqu’à présent ?

Vous savez, le port du voile intégral ne concerne pas tous les musulmans. La grande majorité ne porte pas le voile intégral. C’est une minorité qui porte le voile intégral. Ils ont leur liberté. Mais au Congo, je pense qu’on n’a pas interdit jusque dans les maisons : elles peuvent porter le voile intégral dans leurs maisons et dans les mosquées, mais pas dans les lieux publics, comme les marchés et dans les rues.

Mais les musulmans réagissent-ils bien à ces mesures ?

Jusque-là, je n’ai pas reçu de contestations des musulmans. Il y a ceux qui pensent que cette décision peut les empêcher d’appliquer leurs droits. Je tiens à signaler que l’islam au Congo est composé en grande majorité de nos frères venant de l’étranger. Je peux parler aussi des pays arabes ou bien d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest.

D’où viennent-ils, majoritairement ?

Ils viennent d’Afrique de l’Ouest. Et nous avons des frères qui peuvent venir de la Guinée, du Sénégal… Mais c’est une minorité.

Quelle est la proportion de musulmans dans la société congolaise ?

On est pratiquement au nombre de 800 000 musulmans au Congo. Disons que l’islam représente près de 30 %, au Congo. Mais les natifs, les Congolais, ils sont à près de 10 %. Donc, la grande majorité, ce sont nos frères et sœurs qui viennent des pays amis, des pays frères, qui viennent pour leurs activités commerciales.

Est-ce qu’une telle mesure a déjà été prise dans d’autres pays africains ?

Je n’en ai pas connaissance. Le gouvernement a pris cette décision en tenant compte de ce qu’il se passe dans les pays voisins et de ce qui se passe dans le monde. Et la réalité qu’on a constatée sur le terrain : qu’une personne mal intentionnée a profité de ce voile intégral pour commettre des actes qui n’étaient pas encourageants pour notre pays.

Il y a eu des cas de ce type au Congo-Brazzaville ?

Nous avons eu des cas : des femmes qui sortent voilées, qui se mettent en voile intégral pour commettre des actes au nom des musulmans, parce qu’elles passent inaperçues. Et puis après, on se rend compte que ce ne sont pas des musulmanes. Les services de sécurité ont constaté que ces faits étaient devenus dangereux pour notre pays.

Avez-vous débattu de cette mesure avec le gouvernement ou cette mesure a-t-elle été décrétée sans débat avec vous ?

Nous avons échangé avec le ministre de l’Intérieur en toute liberté. Ensemble, nous sommes tombés d’accord sur l’inquiétude du ministre de l’Intérieur, qui est garant de la sécurité du pays.

source : RFI

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